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Histoire de la partition, écriture musicale

Article musicalement historique

On connait la portée avec ses cinq lignes et ses quatre interlignes, la clé de sol, la clé de fa et peut-être la clé d’ut. Mais d’où vient cette idée de vouloir voir les sons ? Découvrez l’histoire de la partition de musique et de l’écriture musicale.

L’écriture musicale, des origines à nos jours

La musique ne s’arrête pas aux partitions classiques, que nous avons l’habitude de côtoyer. Nous vous avons donc préparé un article sur la partition musicale et les diverses façons de l’écrire.

Un peu d’Histoire

On trouve la notation musicale dès les origines de l’écriture, elle semble née de l’écriture même, à laquelle elle emprunte des lettres alphabétiques et des accents grammaticaux pour les notes. (civilisations babyloniennes, grecques ou de l’occident chrétien). L’ordre alphabétique fut utilisé pour désigner la hauteur des notes et les octaves avant de laisser place à la notation ekphonétique au Moyen-Âge à Byzance, véritable projection graphique des mouvements de la voix chantée, va chercher ses origines dans l'écriture du langage parlé. Elle permet, par un système de signes posés au-dessus du texte à chanter, d'indiquer si la voix monte ou descend.

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Évangiles grecs, XIIe siècle (extrait avec notation ekphonétique en rouge) BnF, Manuscrits grec.

En Occident le neume apparaît au IXe siècle, en guise de notation de la voix chantée, avec un mouvement de plume suivant le mouvement de la voix. L’écriture neumatique ne cesse d’évoluer, les outils de traçage et les supports changent, influant la forme et l’apparence des notes (rondes, carrées, pleines, vides...). Au XIe siècle apparaît la portée (lignes et interlignes où les notes prennent place, de façon à figurer leur hauteur).

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Tropaire de Saint-Martial de Limoges, XIe siècle, neumes aquitains BnF, Manuscrits latin.

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Chansonnier cordiforme, (extrait avec notation ronde) Savoie, XVe siècle BnF, Manuscrits div. occ.

La notation de la musique instrumentale arrive tardivement, vers le XVe siècle, quand l’instrument échappe à l’accompagnement et devient soliste. Naît alors une notation originale propre aux cordes pincées : la tablature.

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Recueil de tablatures de luth du XVe siècle Paris, BnF, Musique

Le système sur lequel nous vivons encore pour l'essentiel s'est figé entre 1650 et 1750. Il est suffisamment précis pour noter la polyphonie vocale ou instrumentale, mais il se soucie peu de fournir des indications sur les nuances, le tempo, la dynamique ou le phrasé. Face à des partitions vieilles de trois siècles, le lecteur contemporain est alors confronté à une liberté dont il ne sait parfois trop que faire.

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Ecriture classique de W.-A. Mozart, Fugue en ut majeur pour pianoforte, K 394 (extrait) Ms autographe, Vienne, avril 1782. BnF, Musique, ms. 224, fol. 1.

Au XIXe siècle, la fonction de la notation évolue, simultanément au statut social du compositeur. La partition n’est plus une simple trace ou un aide-mémoire, c’est un objet fini en soi, un moyen de communiquer une composition personnelle pour assurer à l’interprète une reproduction fidèle à son auteur.

Un siècle plus tard, l’électronique remet en question les rapports de l’homme à l’écrit musical, puisque la musique peut-être engendrée, produite et reproduite sans le support de l’écriture. (Ainsi, il arrive au compositeur de renoncer à la notation traditionnelle et de créer des signes qui s’apparentent à un langage personnel, partitions graphiques où il sollicite toutes les ressources créatives de l’interprète.)

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Partition graphique de R. Haubenstock-Ramati, Concerto a tre, 1973

Le nom des notes, c’est-à-dire les syllabes de la solmisation solfégique ont été mises en place au XIe siècle par le moine Gui d’Arezzo. Elles correspondent aux premiers vers d’une hymne à saint Jean-Baptiste écrite par Paul Diacre.

 « UT queant laxis REsonare fibris
MIra gestorum FAmuli tuorum
SOLve polluti LAbii reatum
Sancte Iohannes »

La syllabe UT, peu harmonieuse, fut remplacée par DO quelques siècles après.

 

Un ouvrage pour aller plus loin

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  • Du signe au son, Jean-Yves BOSSEUR, Alternatives, 2005
    Dans cet ouvrage, Jean-Yves Bosseur s'attache à analyser l'évolution de la notation musicale occidentale au fil des siècles. S'appuyant sur une iconographie riche et variée, pour illustrer son travail il met en exergue les différentes propriétés du son selon les époques, et leur influence sur l'écriture ; une écriture que l'invention de l'imprimerie et les progrès de la pratique musicale transformèrent profondément