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La guerre d’Algérie racontée aux enfants

Bibliographie

Il y a des sujets qu’on n’ose pas aborder avec les enfants ; la guerre, la colonisation, ce sont pourtant des sujets importants pour les adultes qu’ils et elles vont devenir. La littérature jeunesse s’est emparé du sujet de la guerre d’Algérie et le journaliste Claude André en propose une bibliographie pour aborder ce sujet avec des adolescents et des enfants.

La littérature jeunesse parle de la guerre d’Algérie aux plus jeunes

Quand le livre jeunesse explore la guerre d’Algérie

« Cinquante ans plus tard, interroger l’histoire :
Du côté de la littérature jeunesse, ou plus précisément dans ce champ qu’on nomme « 
littérature pour adolescents », de beaux, de grands, de vrais récits questionnent la guerre d’Algérie, cette guerre qu’on nomma parfois la sale guerre.
Il se passa du temps avant que la littérature ne s’empare de ces années douloureuses et entreprenne de brasser la grande histoire avec des histoires individuelles, pour en faire un roman. Encore plus de temps du côté de la littérature jeunesse.
 » Claude André

Un ete algérien

  • Un Été algérien, Jean-Paul NOZIERE, éd. Gallimard
    Eté 1958 : Salim, jeune Algérien, vit avec ses parents sur les terres de la Maison rose, la propriété d’Edmond Barine. Collégien doué, le jeune homme voudrait poursuivre ses études mais il y a besoin de bras supplémentaires pour soigner les vignes et Salim, comme son père, devra travailler la terre. Il n’ira pas au lycée, contrairement à Paul, le fils des Barine. C’est ainsi que l’histoire de Salim croise celle de son pays l’Algérie. Révolté par le paternalisme auquel obéissent ses parents, il découvre la haine et c’est le moment que choisit Lakdar, le contremaître, pour lui faire rencontrer un militant du FLN. Devenu agent de renseignements Salim facilitera l’incendie de la maison Rose. Dans ses hésitations s’est engouffrée la parole d’un adulte, pleine de certitude, c’est ainsi que l’histoire s’écrit avec des convictions opposées et sans héros.

LeVilledeMarseille

  • Le Ville de Marseille, Jean-Paul NOZIERE éd. Gallimard
    Printemps 1962. Ne pouvant rester sur les terres de son Bel Oranger et ne pouvant se résoudre à quitter Algérie, Paula Rosselle, Française d’Algérie, choisit de mourir. Son fils Paul, sidéré par les évènements familiaux et historiques, se terre dans une pièce aux volets clos. Si le corps de Paul est immobile, son esprit s’agite. Sa voix s’élève évoquant dans un grand désordre chronologique ses années d’enfance fusionnelle avec sa mère et cette dernière nuit vécue à ses côtés. D’autres voix se font entendre, celles de Tahar et de Fatma, les employés de maison, celle aussi du Dr Costantini, partisan de l’OAS. Chacune de ces voix a sa propre inflexion, sa propre musique affective et culturelle, donnant à ce roman une véritable dimension polyphonique.

 

Algerie

  • L’Algérie ou la mort des autres, Virginie BUISSON
    Récit, et non roman, récit plutôt que témoignage, contrairement à ce que prétend maladroitement le bandeau rouge publicitaire que Gallimard a cru bon de joindre à cette réédition, l’Algérie ou la mort des autres est un texte essentiel et inclassable dans lequel l’auteur évoque ses jeunes années (Virginie Buisson avait 11 ans en 1954). Fille de militaire, elle suit avec sa mère et ses deux jeunes frères son père dans ses différentes affectations, plus près parfois ou plus loin des lieux de combats, de torture. En ville ou dans le bled, elle survit avec les contraintes qu’impose le danger, enfermée dans une caserne, terrée derrière des volets clos. Impatiente comme toute jeune fille, elle désobéit, s’approche du danger, aime clandestinement un jeune soldat.
    Son Algérie c’est celle d’une guerre subie dont elle ne comprend rien, c’est aussi celle de la mer violette, du ciel bleu, du vent violent, d’un appétit de vivre insatiable et de la mort qui rôde et s’abat sans cesse autour d’elle. C’est cela aussi la guerre : voir tomber les autres.
    Le découpage de ce texte en un seul chapitre, fait de courtes séquences, le choix d’évoquer plus que d’expliquer, l’écriture incisive de Virginie Buisson, permettent très paradoxalement que le lecteur se sente à la fois si proche et si loin des évènements évoqués par la narratrice.

Kabylie twist

  • Kabylie Twist, Lilian Bathelot, éd. Gulf Stream
    Le projet même de ce roman le met au cœur d’une démarche didactique efficacement servie par une construction polyphonique :
    Richard, alias Rickie batteur d’un groupe Rock, son ami Sylvie qui conduit pieds nus son Aston martin, Najib tout jeune spectateur clandestin d’un cinéma de Djidjelli, Lopez promu inspecteur de police à Oran au sortir du Bac, Claveline fillette pied-noir, autant de figures qui vont incarner plus de 300 pages durant les affres de jeunes gens emportés par la guerre  d’Algérie, de 1960 à 1962. Au travers de Richard, soldat envoyé dans le bled, et de Najib, adolescent recruté par le FLN, tous deux confrontés à la torture subie et exercée, l’auteur amène ses lecteurs à se questionner, à se positionner… Cette guerre est violente, tordue, la réalité en est complexe, parfois indéchiffrable… La succession de chapitres où l’on entend tour à tour le point de vue des uns et des autres permet que la complexité soit révélée et tous les fils que tient l’auteur et qu’il disperse volontairement se rejoignent évidemment lorsque tous ses personnages vont se croiser, se rencontrer. La violence qui sévit de part et d’autre abat injustement des victimes innocentes et l’on découvre cette réalité d’un conflit redoutable, pas à pas. Lilian Bathelot conduit magistralement son intrigue, menant de front le souci didactique et l’imprévu nécessaire à la tension de son récit

 

« La lecture de ces quatre textes permettra aux adolescents d’aujourd’hui, pour qui la guerre d’Algérie ne signifie sans doute pas grand-chose, de découvrir concrètement, charnellement parfois, les hésitations, les peurs, les déchirements qu’affrontèrent les jeunes gens que cette guerre emporta dans sa violence, qu’ils soient Algériens ou Français. »  Claude André

 

Comment parler de cet épisode douloureux de la guerre d’Algérie avec des enfants ? Voici d’autres propositions d’ouvrages, albums et romans jeunesses qui abordent cette thématique.

 

La guerre

  • La guerre au bout du couloir Christophe LEON, Thierry Magnier, Romans Ados – 2008 dès 12 ans
    Oran, 1962. Le jeune Momo se retrouve seul avec son petit frère encore bébé dans les rues de la ville…

 




Bouche cousue

  • Bouche cousue Gigi BIGOT, Pepito MATEO, Stéphane GIREL Didier Jeunesse – 2001 dès 5 ans
    Gigi Bigot et Pépito Matéo, conteurs et comédiens bien connus, nous convient à un conte où métaphore et allégorie se côtoient avec l’Algérie en toile de fond…


 

un train

  • Un train pour chez nous Azouz BEGAG, Catherine LOUIS, Thierry Magnier –2001 dès 9 ans
    Un peu de nostalgie pour cette album aux couleurs ocres et aux photographies d’antan
    .

 


Midi pile

  • Midi pile, l’Algérie Jean-Pierre VITTORI, Jacques FERRANDEZ Rue du Monde, Histoire d’Histoire – 2001 dès 10 ans
    Rue du Monde crée l’événement en publiant un ouvrage pour la jeunesse, sur un sujet délicat de l’histoire de France contemporaine, celui de la guerre d’Algérie.



 

Les rois

  • Les Rois de l’horizon Janine TEISSON Syros, Les uns les autres –2002 dès 12 ans
    Janine Teisson nous plonge en plein cœur du désert algérien avec ce roman historique, écrit à la première personne.

 



Bon baisers

  • Bons baisers de Kabylie Achmy HALLEY Syros, Les uns les autres –2003 dès 11 ans
    Achmy Halley avait publié, il y a quelques années, L’Oasis d’Aïcha, nous plongeant dans l’univers des souvenirs d’enfance et dans un pays aimé et rêvé.

 





Wahid

  • Wahid Thierry LENAIN, Olivier BALEZ, Albin Michel Jeunesse – Mars 2003 dès 5 ans
    Cet album simple et sobre, sur des textes de Thierry Lenain, traite de la guerre d’Algérie au travers de deux personnages, Habib et Maurice, deux hommes que la guerre avait jetés…



 

Cet article a vu le jour suite au triptyque Écris-moi un mouton, trilogie théâtrale pour le théâtre de marionnettes et d’objets proposée par la compagnie Arnica autour du lien France-Algérie et accueilli au Théâtre Massalia en 2014.
Les deux premiers volets intitulés On dirait rien longtemps (puis tout à coup tout) et On vivrait tous ensemble (mais séparément) traitent pour le premier du passé, et pour le second, du présent et des traces laissées par la guerre d’Algérie aujourd’hui. Le 3eme volet On en croirait pas ses yeux (au début), une forme d’anticipation à laquelle sont associés des enfants de Marseille pour tenter d’imaginer les relations futures entre la France et l’Algérie.

Pour aller plus loin : consultez le blog de la Librairie L’autre rive et le site Ricochet Jeunesse.